Certaines motos traversent le temps sans jamais perdre leur pouvoir de séduction. La Honda XR600R fait partie de ces machines devenues mythiques, non pas grâce à des chiffres impressionnants ou à une débauche de technologie, mais par ce qu’elles procurent une fois en selle. Produite entre la fin des années 80 et la fin des années 90, la XR600R incarne une époque où la moto était avant tout une affaire de sensations, de mécanique et d’engagement physique.
Aujourd’hui encore, elle continue de faire battre le cœur des amateurs de gros monocylindres et de tout-terrain “à l’ancienne”.
Une philosophie tournée vers l’endurance et la fiabilité
À sa naissance, la XR600R répond à un cahier des charges clair : être capable d’enchaîner les kilomètres de pistes, de chemins et de terrains difficiles sans faiblir. Honda s’appuie alors sur son expérience en enduro et en rallye-raid pour concevoir une machine simple, robuste et efficace, pensée pour durer.
Cette philosophie se ressent immédiatement. Pas d’électronique, pas d’artifices inutiles, mais une moto conçue comme un outil. C’est cette simplicité volontaire qui a forgé la réputation de la XR600R, aussi bien auprès des compétiteurs amateurs que des randonneurs au long cours.

Un gros monocylindre au caractère bien trempé
Au cœur de la XR600R bat un monocylindre 4 temps refroidi par air, fidèle à la tradition Honda de l’époque. Ce moteur n’est pas là pour flatter les fiches techniques, mais pour délivrer du couple et des sensations. Il répond présent à tous les régimes, avec une personnalité marquée qui demande un minimum d’adaptation.
La prise en main n’est pas toujours immédiate. Le moteur peut se montrer sec à bas régime, et le carburateur impose parfois quelques ajustements. Mais une fois apprivoisé, il devient un formidable compagnon de jeu. Sa sonorité, sa réponse directe à la poignée et sa capacité à arracher la moto hors des virages participent pleinement au plaisir de conduite.
Le kick, un rituel à part entière
Impossible d’évoquer la XR600R sans parler de son démarrage exclusivement au kick. Pour certains, c’est une contrainte rédhibitoire. Pour d’autres, c’est un rituel, presque un symbole. Bien démarrer une XR600R demande de la méthode, du calme et un peu d’expérience.
Ce choix technique renforce le caractère de la moto. Il rappelle que l’on est face à une machine exigeante, qui demande de l’implication et récompense ceux qui prennent le temps de la comprendre. En bref, une moto à l’ancienne. Bien loin de nos standards actuels en 2026 (oui, je vis 7 jours dans le futur !)

Une partie-cycle qui a fait école
Si le moteur divise parfois, la partie-cycle de la XR600R fait presque l’unanimité. Légère, fine et extrêmement maniable, elle donne l’impression de piloter un vélo dès que le terrain se complique. Sur chemins, pistes ou routes dégradées, la XR600R reste imperturbable.
Les suspensions offrent un excellent compromis entre confort et efficacité, à condition d’être entretenues correctement. La tenue de cap est remarquable, la garde au sol généreuse et l’agilité exceptionnelle. Même face à des machines plus modernes, la XR600R n’a pas à rougir, notamment en tout-terrain.

Une ergonomie rustique mais efficace
À bord, la XR600R va droit à l’essentiel. La position de conduite est naturelle, idéale pour rouler debout en tout-terrain. La selle, sans être luxueuse, reste acceptable pour des trajets raisonnables, mais montre rapidement ses limites sur longue distance.
La hauteur de selle importante peut impressionner les pilotes de petit gabarit, et la protection du pilote est quasiment inexistante. Le tableau de bord se résume à un simple compteur, lisible et sans fioritures. Ici encore, la logique est claire : moins il y a d’éléments, moins il y a de risques de panne.
Une moto peu pratique, mais assumée
Au quotidien, la XR600R n’est pas la plus pratique des motos. L’autonomie reste correcte sans être exceptionnelle, la consommation est dans la moyenne pour un gros mono, et les rangements sont quasi inexistants. La protection contre le vol est minimale, avec une absence de véritable contact à clé sur de nombreux modèles.
Mais ces défauts font aussi partie de son identité. La XR600R n’a jamais été pensée pour rassurer ou faciliter la vie de son propriétaire. Elle s’adresse à ceux qui acceptent ces compromis en échange d’un plaisir de conduite brut.
Les qualités et les limites d’une légende
Avec le recul, la XR600R impressionne par sa fiabilité générale, sa longévité et la polyvalence qu’elle peut offrir selon les configurations. Capable de se transformer en redoutable supermotard, de se faufiler en ville ou d’enchaîner les pistes, elle reste étonnamment moderne dans son comportement.
À l’inverse, son caractère physique, l’absence de démarreur électrique, le confort sommaire et la disponibilité parfois compliquée de certaines pièces peuvent freiner les moins passionnés.
La Honda XR600R aujourd’hui : une moto de passion
Plus de trente ans après son lancement, la Honda XR600R est devenue une moto de collection vivante. Les beaux exemplaires sont recherchés, entretenus avec soin et souvent chéris par leurs propriétaires. Elle ne s’adresse plus à tout le monde, mais à ceux qui recherchent une expérience de pilotage authentique, loin des standards actuels.
La XR600R ne triche pas. Elle exige, elle vibre, elle fatigue parfois… mais elle procure ce sentiment rare d’être pleinement acteur de sa conduite. Une vraie Honda, dans ce que la marque a produit de plus sincère.




