Honda Durabio

Honda repense la moto avec des matériaux biosourcés et recyclés

Longtemps cantonnée aux motorisations, aux performances et aux innovations électroniques, l’évolution de la moto passe désormais par un autre terrain, plus discret mais tout aussi stratégique : celui des matériaux.

Honda l’a bien compris.

À travers une série d’initiatives industrielles concrètes, le constructeur japonais développe l’usage de plastiques biosourcés et recyclés au sein de sa gamme moto européenne. Une démarche qui s’inscrit dans une vision globale visant à réduire l’empreinte environnementale de ses activités sans compromis sur la qualité ou la durabilité des produits.

Une stratégie environnementale structurante

Ces développements s’intègrent dans la stratégie mondiale de Honda baptisée « Triple action to Zero ». L’ambition est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en agissant simultanément sur trois axes majeurs : la réduction des émissions de CO₂, le recours aux énergies propres et l’optimisation de la circulation des ressources.

Si l’électrification et l’amélioration des processus de production constituent les volets les plus visibles de cette stratégie, l’utilisation de matériaux alternatifs représente un levier tout aussi déterminant. Honda cherche à réduire progressivement sa dépendance aux plastiques vierges issus du pétrole, tout en conservant les exigences élevées propres à la fabrication de motos.

DURABIO™ : un plastique biosourcé aux propriétés techniques avancées

Au cœur de cette démarche figure le DURABIO™, un plastique technique biosourcé développé par le Mitsubishi Chemical Group. Issu de ressources renouvelables non alimentaires telles que le maïs et le blé, ce matériau repose sur l’isosorbide, un composé obtenu à partir de l’amidon végétal après plusieurs étapes de transformation.

Le DURABIO™ se distingue par une combinaison de qualités rarement réunies : une excellente résistance aux rayures, une solidité élevée face aux chocs, une stabilité aux UV sur le long terme et une clarté optique permettant des applications transparentes ou colorées. Autant de caractéristiques qui en font un candidat crédible pour remplacer certains plastiques pétrosourcés utilisés jusqu’ici sur les motos.

Pas mal d’éléments en Durabio ici !

Réduire l’impact industriel sans modifier l’usage

L’un des intérêts majeurs du DURABIO™ réside dans sa capacité à être utilisé sans peinture. En supprimant cette étape du processus industriel,

Honda parvient à réduire les émissions de CO₂ liées à la production tout en proposant des surfaces brillantes et esthétiques. Le scooter SH125i Vetro illustre cette approche, avec des panneaux de carénage semi-transparents non peints dont la fabrication génère moins d’émissions que les procédés traditionnels. Mais on le retrouve également sur plusieurs modèles de motos de la marque ailée.

Une autre utilisation possible du Durabio : la bulle de protection

Cette logique permet également de repenser le design des modèles, en proposant des finitions modernes et différenciantes, sans incidence sur l’usage ou la longévité des composants.

Une adoption progressive sur les modèles Honda

Honda a introduit le DURABIO™ pour la première fois en mars 2024 sur la bulle de la CRF1100L Africa Twin. Une première mondiale dans l’univers de la moto, rapidement suivie par d’autres applications. Le X-ADV a ensuite intégré ce matériau pour son cache inférieur et son pare-brise, tandis que le Forza 750 l’a adopté pour certains éléments de carénage avant.

La NT1100 et la NC750X ont poursuivi cette dynamique. La NC750X a même franchi une étape supplémentaire en devenant la première moto Honda à recevoir des éléments d’habillage en DURABIO™ coloré directement dans la masse, notamment sur ses versions vertes et noires. Plus récemment, la CB1000GT millésime 2026, dévoilée au salon EICMA, est venue compléter la liste avec une bulle réglable réalisée dans ce matériau biosourcé.

Le recyclage comme autre pilier industriel

Parallèlement à l’usage de matériaux biosourcés, Honda intensifie le recours aux plastiques recyclés. Des pare-chocs automobiles recyclés sont désormais utilisés pour certaines pièces non structurelles sur plusieurs modèles, notamment le X-ADV et la NC750X. Le Forza 750 en intègre également à la base de sa selle.

Le constructeur utilise également du polypropylène recyclé non destiné à la consommation, issu de chutes de production provenant de l’industrie automobile et électroménagère. Une fois transformé, ce matériau présente des caractéristiques proches du plastique vierge, tout en limitant l’extraction de nouvelles ressources.

Vers une moto pensée pour l’économie circulaire

L’ensemble de ces initiatives s’inscrit dans une réflexion plus large autour de l’économie circulaire. Honda travaille sur la conception de motos facilitant le démontage, la réutilisation et le recyclage des composants en fin de vie. L’objectif est de passer progressivement d’un modèle linéaire à une chaîne de valeur plus vertueuse, dans un contexte où la majorité des matières premières utilisées dans l’industrie proviennent encore de l’extraction minière.

Une évolution discrète mais structurante

En intégrant des matériaux biosourcés et recyclés dans sa gamme moto, Honda ne cherche pas à bouleverser l’expérience utilisateur, mais à faire évoluer en profondeur sa manière de concevoir les deux-roues. Une approche pragmatique et progressive, fidèle à la philosophie de la marque, qui montre que l’innovation environnementale peut s’inscrire durablement dans le quotidien des motards sans renoncer aux standards de qualité et de fiabilité.

Paul
Paul

Motard passionné depuis une dizaine d'années, j'ai créé Honda Moto pour partager ma passion et les actus autour de la marque nipponne. Heureux propriétaire d'une Honda CBF500 de 2004, j'écris aussi sur mes coups de coeur et mes expériences à travers ce blog.

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